Petits bonheurs du confinement, 2nd mois

Jour 31 :

Système D. Si la situation n’avait pas légèrement dégénérée, Romy aurait dû profiter des vacances de Pâques pour faire son deuxième cours d’art floral. Elle l’attendait avec tellement d’impatience que ça a été un crève-coeur de lui dire que ça aussi, ça passerait à l’as avec le reste. Du coup, on essaye de se rattraper avec les moyens du bord : ce matin elle a coupé le lierre avec son père, et cet après-midi elle en a fait des couronnes avec sa mère… On est en train de devenir les rois du système D les gars! 

Jour 32 :

Regarder vers l’avenir. Depuis l’annonce de prolongation du confinement par Maquereau (comme dirait Romy), j’observe plusieurs réactions. Il y a ceux qui sont dépités. Les pauvres âmes esseulées qui viennent d’apprendre qu’elles vont devoir tenir un mois de plus en faisant des apéro en Skype. Alcoolisme associé ou maintient des interactions sociales? Il faut choisir. Il y a les parents. Les malheureux, tout aussi déboussolés, ont eux à choisir entre se débarrasser le plus vite possible des êtres merveilleux qui leur a déjà fait perdre 1 an d’espérance de vie en 1 mois, ou bien les garder malgré la réouverture des écoles parce que quand même on est pas sûr-sûr qu’on nous prenne pas pour des cons. Je passerais rapidement sur le genre de personne pour qui ce confinement n’est que kiffes et magnificence. À base de yoga, banana bread, bouquet de lilas et rénovation de salle de bain. Existe-t-ils vraiment? Et puis il y a moi, qui est en train de monter une croisière totalement improbable avec mes BFF, une fois que tout ce bordel sera derrière nous. Si la perspective d’une soirée avec le capitaine nous fait tenir le coup, et bien je prends le pari!

Jour 33 :

Regarder Charlie et la chocolaterie. Pour la 218ème fois. Oui.

Jour 34 :

Faire de chaque jour une fête. C’est apparemment le crédo adopté par mes enfants. Bon. De toute façon pourquoi se fâcher, alors qu’on a tout le temps de ramasser hein… Limite on va s’y mettre à la pince à épiler. Si ça se trouve c’est une bénédiction du destin tiens! 

Jour 35 :

Quand le destin te fais un cadeau. Et quel cadeau… Tomber sur une rediff du père noël est une ordure, de façon totalement impromptue, un dimanche après-midi, à l’heure où j’exige un temps calme. Ça c’est un vrai bonheur les gars! 

Jour 36 :

Faire l’inventaire de tout l’amour mis de côté. Ça fait quelques fois que je vois mes copines faire de jolies photos type cabinet de curiosités, et même si je n’ai pas leurs talents, ça me titillait trop d’essayer ma version pleine de petits cœurs. Alors avec les enfants, on est partis en expédition dans la maison, à la recherche de tout les cœurs qu’on voyait… autant vous dire que ça hurlait dès que ça trouvait quelque chose! On a tout mis sur le lit, et on a passé des heures à regarder tout ça. Je leur ai raconté ce coeur ramené des puces de Londres, cette pochette offerte par mon amie de toujours, les cailloux ramassés par leurs petites mains de bébé, et ces lunettes ramenées d’une soirée improbable. Évidemment tout n’est pas rentré dans la photo, mais c’était tellement chouette. 

Jour 37 :

S’imaginer. La tenue que j’aurais dû porter aujourd’hui devait être le parfait uniforme pour fouler chaque centimètre carré de ma ville. Baskets, jupe qui brille, sweat de Bowie, et une petite veste pour les nuits fraîches. Mon printemps de Bourges, je l’attends avec tant d’impatience chaque année, si vous saviez… Sauf que cette année il ne devait pas arriver. La faute au Pangolin. Oui mais, le printemps fait parti de notre ADN à nous Berruyers. Et croyez moi, il en fallait plus pour nous arrêter. En 2020, le printemps sera donc imaginaire… C’est la mission que nous avons décidé de relever! 

Jour 38 :

Retour en EPS. Quand mon fils retrouve un jeu de badminton tout neuf au fond du garage, moi je retrouve l’angoisse d’être choisi en dernier dans l’équipe. 

Jour 39 :

Les regarder grandir. Hier soir s’est déroulé sous mon toit une tragédie en trois actes. La faute à une pomme croquée un peu radicalement par une pauvre dent de lait parfaitement inoffensive. La chute de cette dernière, tant attendue par l’enfant car première du nom, a donc fini dans les méandres du tout à l’égout en période de confinement. Une tragédie je vous dis. 

Jour 40 :

Goûter en bonne compagnie. Aujourd’hui j’étais invité à prendre le thé. Bon, ça manquait un peu de ragots (quoique ma fille n’est pas mal dans le genre mais on a pas les mêmes réf tu vois)

Jour 41 :

Fin de roulement. Enfin! Maintenant dodo, films, et gâteaux pendant une semaine. Ça sera tout.

Jour 42 : 

Manger sur la table du salon. S’il est un plaisir à vivre confinés, c’est bien celui de se régaler. Je respecte beaucoup ceux d’entre vous qui ont la volonté de se nourrir uniquement de bouillon de légumes, et qui, une fois celui-ci dévoré, trouveront la motivation de faire des squats. Ici on ne se raconte pas d’histoire, d’ailleurs la balance n’a plus de piles depuis 4 ans. L’enfermement semble donner des ailes culinaires à mon cher et tendre, ce qui ravi bien entendu toute la maisonnée. Bon, on est pas sur du light, mais de toute façon ça fait longtemps que j’ai compris que mon summer body n’irait pas se perdre dans les vagues cet été. 

Jour 43 :

Faire un vœux pour les premiers fruits de la saison. Mon jeu favori depuis que je suis gamine!

Jour 44 :

Lire des livres en imaginant des voix bizarres. Ça c’est un truc que j’adore. C’est bien simple, plus il y a de personnages dans l’histoire et plus je leur invente des voix cheloues. Un vieux reste de mes années de théâtre sans doutes. Bien souvent la princesse fluette se voit attribuer des intonations de pilier de bar, et le gros monstre poilu m’évoque sans concession le timbre de Jean-Claude Duss. Évidemment les enfants adorent hein, en revanche j’évite de lire dans le bus. 

Jour 45 :

Faire l’école à la maison. Ok au début je traînais un peu des pieds. Mais force est de constater qu’il y a des devoirs plus agréables que d’autres à leur faire travailler… Aujourd’hui par exemple, le haka était au programme pour Romy!

Jour 46 :

S’aménager du temps pour soi. Il faut dire qu’après un mois et demi à ne voir que nos tronches, les enfants commencent légèrement à ne plus pouvoir nous blairer. Du coup ils nous laissent entrevoir ce que sera notre avenir avec 2 ados chaque jour un peu plus… j’dirais pas que j’ai hâte-hâte.

Jour 47 :

En mai, fais ce qu’il te plaît. Selon une légende héritée de nos ancêtres, ces mots étaient échangés par les gens pour se souhaiter chance et bonheur, jusqu’au grand confinement de 2020. 

Jour 48 :

Se pavaner dans la mousse. Y a t’il plus grand petit plaisir que celui d’un bain bouillonnant, couplé à l’odeur de la bougie qui se consume à mes pieds, et à la voix de Barbara qui fait vibrer mes oreilles? Permettez-moi d’en douter. 

Jour 49 :

Tchao les moldus. Tant qu’à se faire enfermer, les morveux ont décidés que ça serait plus fun à Azkaban… Soit, on a sorti de vieux bocaux pour confectionner des potions et on s’est fabriquées des baguettes dignes d’Ollivander! 

Jour 50 :

Jouer ensemble. Parce que en vrai, je veux dire dans la vraie vie ou les uns bossent comme des maboules et les autres passent leurs journées avec d’autres adultes, on a finalement peu de temps pour jouer ensemble. C’est donc l’occasion rêver pour en profiter!

Jour 51 :

Mon cul en pyjama. Merde non pardon, « Ma vie en vêtements d’intérieur ».

Jour 52 :

J’ai dû louper un truc. Ou bien c’est elle qui a tout compris. A voir. N’empêche qu’elle arrive à se faire masser les pieds par son frère, et gratos en plus! 

Jour 53 :

Le goût du mojito. La vérité c’est que c’est vraaiiiiiment meilleur quand c’est partagé. Vivement que je retrouve mon gang. 

Jour 54 :

Rêver. Voilà l’objectif de notre dernier (grand) week end de confinement. La semaine prochaine les enfants retourneront à l’ecole, et pour être honnête j’angoisse un peu. Alors aujourd’hui, j’avais envie de les faire rêver. Ça fait des mois qu’ils me réclament la création d’une porte de fée pour installer au pied de leur arbre fétiche. J’ai donc fini par sortir tout mon petit bazar, et on a retroussées nos manches. Quelques heures plus tard, la porte a rejoint l’arbre qui l’attendait et les enfants rêvent déjà aux fées qui s’y mettront à l’abris pendant la nuit. 

Jour 55 :

L’odeur du pain grillé. Le beurre salé qui fond. Et le chocolat en poudre dessus. Point barre. 

Jour 56 :

Le câlin fort fort avant de dormir. Et penser à demain. Je ne sais pas vous, mais moi j’y ai souvent pensé à ce « jour d’après ». Au début je crois que mon esprit s’interdisait à prendre la mesure de tout ce bordel. « Tout va bien aller » me disais-je, en imaginant facilement l’après comme l’avant. Le creux de la vague ensuite, aurait pu tout bonnement nous faire oublier la perspective d’une suite pourtant évidente. C’était si loin de toute façon… Et puis, enfin, la date posée sur un dénouement sous conditions. Comme l’attente interminable du dernier chapitre d’un mauvais bouquin. A ce moment là seulement, imaginer ce que serait la vie d’après. Les masques, les distances, les règles, les gestes. Les resto, les terrasses, mais en fait non. Les amis, oui mais pas tous. Les magasins, les coiffeurs, non. Mais si quand même. Et puis l’école. Ou pas. Ça commence demain mais c’est pas fini les gars. On ne reprend pas notre vie comme on l’a laissée, on va plutôt tâcher d’en apprendre une nouvelle. Alors surtout prenez soin de vous. 

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