« Tu cause t’y eu’l Berry? » Ou le berrichon pour les nuls

Bon. Berry

Ici j’essaye toujours de faire une bonne soupe de phrases bien tournées avec de jolis mots. Parfois j’aime bien le goût final du machin et parfois ça foire. En fait c’est surtout que parfois les mots me manquent.

Moi je suis Berrichonne tu vois. Une vraie de vraie.
Une qui danse la bourrée, qui dit « BEN non  » et « PO du tout », et qui mange du crottin de chèvre sur sa galette aux patates.
Bref, après tout ce temps, je vous devais bien une petite explication de texte du patois berrichon, celui qui fait partie de mon vocabulaire depuis toujours et que j’avoue aimer entretenir (si peu sexy soit-il).

À vous le top 10 de mes expressions berrichonnes préférées que j’utilise un peu trop souvent :

« Un berlaud »
Un berlaud c’est pas très compliqué c’est juste un crétin. L’idiot du village quoi. Oui, il y en a un paquet… De villages et de berlauds.
Vous entendrez : «Y va t’y comprende’ ce que j’y dis euh c’berlaud?»
Vous comprendrez : « Cette personne peu instruite va t’elle comprendre ce que j’essaye de lui dire? »

« Une bérouette »
Une brouette c’est trop has been. Une bérouette c’est vachement mieux. Mon grand-père, le Bernard Pivot du Berry, l’utilise plus largement pour tout ce qui comporte des roues.
Vous entendrez : « J’va garer ma bérouette devant l’école l’temps de récupérer les gamins. »
Vous comprendrez : « Je vais garer le 4×4 devant l’école le temps d’aller chercher mes enfants. »

« Une chieuve »
Une chieuve est une chèvre. Mais un chieuve est un fromage vénéré par chez nous. Souvent un bon crottin qui pue.
Vous entendrez : « Ça sent bon la chieuve. »
Vous comprendrez : « Il se dégage une forte odeur de… ferme? »

« Gueucher »
Se gueucher signifie grimper sur quelque chose. Qui est aussi valable pour tout ce qui est en hauteur d’ailleurs.
Vous entendrez : « Comment que tu voulais que je l’trouve, t’as t’y vu où qu’c’est qu’il’tait gueuché? »
Vous comprendrez : « Il m’était impossible de trouver cet objet vu l’endroit où il se trouvait voyons. »

« Insarvable »
Pour moi le mot le plus logique du monde. Il qualifie quelque chose dont on ne peut plus se servir. On pourrait le traduire par « inutilisable » mais ça va même au delà de ça.
Vous entendrez : « R’gade moi l’gamin avec son téléphone, c’est ben insarvable ça. »
Vous comprendrez : « Observez cet adolescent, il n’y a plus rien à en tirer lorsqu’il est avec son iPhone. »

« Bouiner »
Globalement bouiner veut dire glander. Pas faire grand chose, mettre un temps fou pour tout et aussi un peu pour faire chier les autres ; )
Vous entendrez : « J’sais po ce qu’il bouine? »
Vous comprendrez : « J’ignore ce qu’il fabrique? »

« Tazonner »
Dans le Berry, c’est clair qu’on tazonne et même que ça nous défini pas mal. Le tazon n’aime pas qu’on le presse pour faire quoi que ce soit… Il accorde un peu trop de temps pour des choses insignifiantes, ce qui le fait passé de quelqu’un de réfléchi à quelqu’un de tazon.
Vous entendrez : « Oh mais t’es t’y tazon! »
Vous comprendrez : « Arête un peu de traîner! »

« Un agat d’iau »
Sert à désigner des trompes d’eau, une grosse averse, ou un orage. Quoi qu’il arrive il vaut mieux ne pas être en dessous.
Vous entendrez : « Vite, ça va nous tomber un agat d’iau! »
Vous comprendrez : « On va se dépêcher, sinon nous risquerions de nous trouver sous l’averse! »

« Une biaude »
A la base portée par les paysans, une biaude était le nom d’une blouse de travail. Maintenant on colle sous son nom tout ce qui peut se mettre par dessus les épaules pour se couvrir.
Vous entendrez : « Je vais mett’ une p’tite biaude, ça caille pas chaud. »
Vous comprendrez : « Je vais aller me couvrir car j’ai l’impression que ça commence à se rafraîchir. »

« Envourner »
C’est le fait d’avoir la tête qui tourne, d’être soulé au propre et au figuré, comme une sensation de malaise provoquée par quelque chose ou quelqu’un. Mon arrière grand-mère nous le répétait bien souvent…
Vous entendrez : « Mais tu vas t’y arrêter, tu m’envourne!! »
Vous comprendrez : « Arrête 5 min s’il te plaît, parce que là tu me donnes mal à la tête! »

Et puis… Les pieds sont les artous, un sac plastique est un pochon, et des chaussons deviennent des patins… Entre tellement d’autres. Mais il faut bien que je vous en garde pour les prochaines fois hein!

Alors en attendant, prêts les gars?
J’espère vous retrouver bientôt au coin d’une rue de mon Berry chéri pour causer 5min et tazonner si affinité…

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