C’était celui pour lequel on m’avait dit « Madame, vous n’accoucherez pas par voie basse. » Auquel j’ai répondu « Hahaha » en pensant « Toi mon pote, tu me connais mal ». Celui aussi, qui, par cette première farce, nous laissait présager de son futur petit caractère. Le siège particulier qu’il avait décidé de tenir, il n’y renoncerait pas comme ça. Alors, primipare déterminée que j’étais, il y eu les versions… Et les échecs. Des 3.
Aussi les examens, les radios de bassins, les tentatives de positions de yoga improbables devant Youtube, et les encouragements des professionnels : « Vous êtes inconsciente, votre bébé va arriver les pieds devant, ces accouchements là durent plus de 24h, en plus c’est votre premier, vous aller vraiment peiner! »
Il y eu aussi cette consultation à 20h30, 1 mois avant d’accoucher. Lorsque le médecin qui se tenait au bout des deux doigts, a laisser échapper un « Mince, je crois bien que je viens de rompre votre poche des eaux. » Les transmissions à l’interne de garde qui ont suivies, et les transmissions de l’interne de garde à moi-même : « Si vous tenez à essayer la voie basse, ça sera très long. On va laisser le travail commencer tranquillement jusqu’à demain matin. Ensuite on vous mettra la perf d’ocytocine et on verra comment ça évolue dans la journée. » Le mari qui rentre vider le coffre de la voiture remplie de surgelés, remplir le sac de maternité pas du tout fini, et mes « T’inquiète, tu as entendu ce qu’il a dit, on est larges, prends le temps de t’enfiler une pizza. »
Et puis, 2h après… Il y avait ce petit garçon, tout déterminé qu’il était avec ses orteils presque à l’air. Celui qui m’a dégommé le périnée pour faire taire ceux qui disaient qu’on y arriverait pas.
Bien sûr il y eu les 10 personnes les bras dans le dos, debout devant mes genoux, venus contempler ce qu’ils disaient être un accouchement peu commun. Ce que je disais être mon intimité.
Le mec arrivé avec un max de stress mais sans pizza. Et ces 48 min de poussée interminables. Quand j’ai cru que je n’y arriverai pas en fait. Jamais. Les malaises entre les sanglots et les « aidez moi » sous le masque à oxygène. Ils ne pouvaient m’aider, je le savais, j’avais signé pour. La position de mon bébé ne permettait aucune manipulation médicale. Il fallait qu’il sorte, il fallait que je pousse. A ce moment là, j’ai pensé que c’était lui ou moi. Alors j’ai poussé, jusqu’au bout de mes forces, jusqu’au bout de moi même et bien au delà de la douleur que je pouvais endurer.
C’est à ce moment là, je crois, que je suis devenue maman. Lorsque j’ai su que j’étais prête à sacrifier ma vie pour la lui donner à lui. Et il est arrivé, si parfait qu’il était malgré sa respiration haletante et ses cris qui ne venaient pas. Il est arrivé même avec ses pieds devant et ses quelques jours d’avance.
Il est arrivé et je ne l’ai même pas vu. Les bras qui étaient au dessus de moi l’ont passé à d’autres bras que j’ai eux même suivis des yeux jusqu’à ne plus les voir derrière la porte. Mes pleurs sont devenus peur et ce que ma bouche criait désormais c’était à Superdaddy « Suis le! ». Si pour eux c’était allez vite jusque là, j’ai cru attendre des heures avant qu’ils me le ramène dans cette minuscule couveuse en me disant que c’est là qu’il passerait ses premiers jours sur terre, et non collé à mon coeur. Ce qui l’a vraiment déchiré, mon coeur.
Heureusement, les jours suivants sont passés vite, et ça c’est une autre histoire.