Récits d’accouchements : 2ème essai

Pour elle, elles m’avaient dit depuis 7 mois « Vu la vitesse de votre premier accouchement, cette fois-ci vous rappliquez au moindre symptôme. »
Une grossesse si différente de la première que j’avais connue, un bébé en tous points opposé à celui qui avait déjà occupé les lieux.
Et puis l’été, la canicule même. Et aussi ce premier, qui était déjà bien là lui et qu’il fallait occuper, cajoler, rassurer. Bref, les efforts sans ménagement et le plaisir des heureux jours à 3. Alors donc, les vacances, le zoo, et les 48° toujours. Le retour, l’eau bleue de la piscine du jardin et l’eau moins bleue sur mes jambes tremblantes dans le couloir.

8ème mois, pour ne pas changer les habitudes. Un « Bon ok, je crois que je perds les eaux. Appelle ta mère », une douche rapide, un petit garçon réveillé de sa sieste pour un gros câlin et son papa en stress aux 4 coins de la maison. On a été vite pourtant, c’est juré. 3 feux rouges seulement avant de quitter la petite serviette pliée en 5 sur le siège passager.
Sonnette. « Bonjour, je viens parce que j’ai perdu les eaux. » Ouverture des portes. « Il y a combien de temps? » « Bah heu je sais pas trop, 20 ou 30 min. » « Hahaha vous auriez pu rester chez vous, parce que là vous allez attendre longtemps. » « Oui non mais c’est parce que c’est mon 2ème et on m’a dit….. Ok rien, laissez tomber. Je peux voir une sage femme? »
Bonheur et joie dans mon coeur lorsque j’ai vu entrer la seule qui pouvait me rassurer puisqu’elle seule déjà m’avait sauvée du désespoir quand Just A s’était pointé parmi nous. Son examen et la phrase qui ont suivis ont été d’une radicalité effrayante. « Heeuuu vous vouliez vraiment la péridurale? Parce que bon, vous êtes déjà à 7 là, on aura jamais le temps de la poser. » Ma transformation en espèce de sorcière a commencée là. « Écoutez moi bien. Vous faites ce que vous voulez, mais JAMAIS DE LA VIE JE N’ACCOUCHERAI SANS PÉRI. C’est clair? »

Pif paf pouf, baleine traînée en salle de travail. Bilan sanguin à l’arrache. Arrivée de l’anesthésiste avec un agréable « Bah alors ma petite dame, il fallait se dépêcher si vous vouliez la péridurale! » Se mordre la bouche. Un peu pour la contraction, beaucoup pour le « espèce de gros connard » qui voulait s’en échapper.
1 aiguille, rien. 2ème fois, pas mieux. Dernière tentative, « Bon je n’y arrive pas très bien, ça bloque, donc je vais vous laisser ce cathéter là, ça sera mieux que rien. » Sauf qu’en fait, bah c’était rien.
La sage-femme : « Je vous laisse, j’ai un autre accouchement sur le feu, appelez moi si ça ne va pas. »
Moi : « Appelle la, ça ne marche pas, je pourrais faire un 100 mètre là! » « Mais non, c’est dans ta tête. » Chandelle. « Ouais, en fait ça marche pas du tout là. »
« S’il vous plaît? »
« Déjà?! J’arrive! »
« Elle arrive. »
Elle est arrivée, j’ai refait la chandelle parce que j’ai toujours aimé les comédies dramatiques et elle a dit « Ouais, en fait ça marche pas du tout là. »
Elle m’a réexaminée pour le fun, mais sans savoir que le plus fun serait en fait que la tête de ma fille était déjà sous le drap. Elle m’a regardée et m’a dit le plus doucement du monde « Elle est là votre fille, on va s’installer tout de suite ». Elle a ouvert la porte et à crié dans le couloir « Viiiiiiiiite, j’ai besoin d’aide là, on s’installe!! »

Vite, c’était vraiment le bon mot. 3 poussées ont suffies pour que ma petite me soit mise dans les bras. Ce moment qui m’avait tant manqué à la naissance de son frère, j’en ai profité comme si le monde ne tournait plus.
L’intuition.
Car c’est la suite de l’histoire qui a été un tout petit peu plus mouvementée.
Alors que ma fille et son père étaient partis plonger leurs regards l’un dans l’autre, je suis restée là à continuer de pousser comme une tarée puisque ce ****** de placenta ne voulait pas venir. Du tout. Malgré mes efforts et ceux de la sage femme. Et vas-y que je t’appuie sur le ventre et vas-y que je te décolle ci et ça… Je pensais déjà en chier grave lorsqu’elle m’a dit « Bon là, ça va être extrêmement douloureux, mais vous faites une hémorragie, si je ne vais pas le chercher manuellement c’est votre vie qui est en jeu. J’ai rappelé l’anesthésiste mais on a plus le temps d’attendre qu’il arrive. »

Là j’ai compris que ça craignait grave, que cette petite boule emmitouflée dans les bras de son père je ne la verrais peut être pas demain. Mais la douleur ne m’a pas permis de divaguer plus que ça. Un accouchement, easy comparé à ce calvaire. Mais par chance l’anesthésiste est arrivé pas très longtemps après, non sans une autre de ses petites réflexions merdiques. Il ne faut pas pousser non plus.
Il s’est approché de moi et a poussé sa seringue sans me prévenir de quoi que ce soit. Je saurais plus tard que l’anesthésie générale qu’on m’avait fait en urgence, directement dans cette salle d’accouchement, m’aura sauvée la vie, avec l’aide du gynécologue de garde qui aura ainsi pu arrêter les litres de sang que je perdais et retirer mon placenta. Toutefois, j’aurais juste aimé un « Madame, je vais devoir vous endormir rapidement, embrassez votre mari et votre fille. » Juste ça. Juste au cas où.

Et puis ça m’aurait évité, quand j’ai rouvert les yeux, après -pour moi- m’être assoupie 1 min, mais en réalité après 1h30 d’anesthésie, de dire à Superdaddy « Bah ça va? T’as une salle tête mec. Fais comme moi, je me suis assoupie 1min, ça fait du bien. »
La blague du jour pour le pauvre mec en question qui se demandait depuis 2h dans un couloir froid comment il allait pouvoir élever ses deux enfants tout seul.
Mais il était là. Derrière mon épaule gauche, avec cette petite fille gringalette entre ses gros bras. Et moi j’étais là pour voir ça. On m’a expliqué, j’ai dit ouf sans trop me rendre compte.

Je suis en vie et je suis même drôlement chanceuse, mais ça c’est une autre histoire.

IMG_0237

More about Wonderprimi