L’autre jour j’écoutais Gregory Gadebois, invité sur France Inter, se confesser sur son amour de l’oisive mobilité. Une contradiction bien trouvée s’il en est. Cet éloge du déplacement sans but a immédiatement raisonné en moi. Je comprenais parfaitement ce qu’il exprimait là. Mieux que ça, je le partageais. Pour moi aussi le voyage à cela d’excitant que la destination même n’égale pas. Une histoire d’ivresse et de flacon en somme.
Je n’ai jamais conduit par plaisir, devant lutter contre la monotonie des feux tricolores et des priorités à droite. La concentration que requiert la conduite ne permet aucune divagation, ce qui me satisfait assez peu je dois dire. En revanche, la place du passager m’enchante. J’aime regarder la route défiler et laisser aller ma pensée devant l’aperçu de nouveaux paysages. Petite, j’imaginais qu’au bout de chaque champs de ma campagne berrichonne, la ligne d’horizon finirait par abandonner les blés pour me dévoiler l’océan. Parfois encore je fantasme devant tous ces chemins qui se croisent comme autant de choix possibles. Finalement, ce n’est peut-être pas vraiment un hasard si j’ai choisi d’exercer mon métier sur la route, je suis chez moi et partout en même temps. Des intersections entre chaque patients et l’invraisemblable occasion de trouver la plage au bout du bout. Le comble de la liberté, voilà tout.